A franchir, Affranchir: Libres propos à l’issue du premier barcamp de LRDD

Par Joël Coché

De la difficulté d’intéresser le citoyen hors de son quotidien

Notre projet de La République Des Debouts est ambitieux. Je dis notre car il vous appartient aussi et pas seulement à moi et Malik. Comment amener progressivement le citoyen à s’ouvrir, à prendre sa vie en main, à s’intéresser à l’autre, à désirer la connaissance et ceci sans aller le dé-terrer, sans trop le bousculer, sans ostentation et sans prêt à penser, seulement des doutes et des interrogations pour reconstruire du collectif et du covivre. Il convient que chaque homme soit un animal politique (Aristote).

Dans une magnifique chanson «Comme à Ostende» Caussimon nous dit
«Et qu’on redemande si c’est utile, Et puis surtout si ça vaut l’coup, Si ça vaut l’coup d’vivre sa vie»

J.R. Caussimon – Comme à Ostende (1975) – Extrait du Grand Echiquier

Combien vivent dans le passé, la nostalgie, le pessimisme, ont abandonné tout lutte, toute résistance. Il y a parfois des réveils sporadiques toujours quand c’est trop tard. Certes on voit émerger en Grèce, en Espagne des publics qui se lèvent et se soulèvent mais il n’y a pas de prise de conscience globale et de remise en cause des systèmes moribonds. Non on veut vivre comme avant, le niveau de vie est monétaire.

En à peine un mois d’existence toutefois nous avons touché certains d’entre vous. Beaucoup attendent une méthode, une structuration, une simplification des propos. Malik et moi ne sommes pas sourds aux échos. Le mot jargon revient très souvent. Or je n’ai pas l’impression que l’on soit jargonnants, nous n’utilisons pas un sociolecte mais nous ne cherchons pas à être pédagogues ni vulgarisateurs d’emblée. Avant de transmettre nous cherchons dans un premier temps à créer les conditions de la transmission en initiant un réseau puissant et actif d’intercesseurs éclairés et éclairants.

Un barcamp

J’ai organisé un barcamp, le mot même est un barrage, pourtant je l’ai défini dans la presse, via les mails d’invitation, on peut aussi chercher par soi-même, mais les gens s’arrêtent à la première difficulté. Ils souhaitent être infantilisés.

Oui j’utilise aussi le globish mais quand je discute en 10 secondes les gens comprennent et je ne dis rien d’autre que ce que j’ai écrit. Il y a une paresse intellectuelle ambiante induite par la fatigue d’être soi, les messages bas de gamme et simplificateurs des média les plus puissants et les plus suivis.

«Penser n’importe comment, dire n’importe quoi procure toujours des satisfactions immédiates. A terme quand les choses se tranchent il faut supporter l’insupportable» Ranz Grilladerie

L’annonce de ce barcamp à Lanester les 6 et 7 octobre 2012 a eu écho auprès de personnes réparties sur tout le territoire. Évidemment date et lieu faisaient que l’on s’adressait à la proximité géographique. En outre les gens intéressés sont la plupart du temps eux-mêmes engagés dans de multiples actions.

Mais peu importe le nombre, l’échange avec Malik à Genève en l’occurrence vous le retrouvez dans le storify: http://storify.com/berkati/barcamp-lrdd-a-lanester

Le virtuel est le véhicule, les rencontres physiques en sont l’essence même.

Synthèse et perspectives

L’innovation sociale était à l’ordre du jour, vaste sujet s’il en est. Nous n’avons fait que l’effleurer. C’est un domaine sur lequel je travaille depuis pas mal de temps et je mets en œuvre une démarche globale au pays de Lorient au travers de nombreuses actions concrètes et pas uniquement sous forme d’idées.

Nous sommes convenus d’établir un axe avec Vannes et Yvonnig en sera le porte-voix. Un prochain barcamp y sera organisé dans quelques temps.

Nous sommes également convenus de proposer un grand barcamp international au mois de mai 2013 à partir de Lorient et Berlin. Il nous faudra des relais sur tout le territoire. Mai 2013 est une période idoine, un an après l’élection de François Hollande et un peu moins d’un an avant les municipales en France, l’occasion de faire un bilan, de passer des idées au sein des projets des futures  agglomérations où se jouent, éloignés du citoyen, l’avenir des territoires.
[Ici, je - Malik Berkati - me permets de faire une incise dans le texte de Joël: il va de soi que le BarCamp dit international veut dire: il nous faut des relais partout, que nous avons besoin de toutes les bonnes volontés sans frontières, que des propositions venues d'ici et d'ailleurs nous sont nécessaires pour avancer et que si nos collègues-citoyens Français se sentent interpellés politiquement par mai 2013, il se trouve que l'Europe, avec incidence sur le monde, risque d'être suspendue aux élections fédérales allemandes de l'automne 2013, que les Suisses votent tous les trimestres avec des priorités citoyennes autres que celle des seules élections, que le monde bouge tous les jours sur ses plaques tectoniques et que demain est loin d'être fait! Comme je le propose également dans la retranscription de notre conversation à lire sur le storify, la distance ne doit pas être un obstacle aux échanges; nous sommes ouverts à des participations par skype par exemple.
MaB
]

Le blog LRDD

C’est un entrepôt dans lequel chacun vient déposer ses contributions, s’informer sur celles y figurant déjà, donner son avis, ses points de vue, ses critiques, ses désaccords.

Ce réservoir d’idées, appellons le think tank chacun doit y puiser à sa guise et chercher à construire des ilots de résistance qui réticulés formeront les archipels de la citoyenneté nouvelle et de la démocratie réinventée. Je crois aux actions concrètes de territoire, terreaux de l’innovation sociale, numérique, économique, artistique, politique, culturelle….

Je sais aussi que c’est compliqué mais si on s’arrête à ça on ne va pas bien loin. Je sais aussi que c’est dans la plaisir et la joie de vivre que nous sortirons des marasmes.

Les obstacles sont dans les têtes et ne sont pas si terribles à franchir, AFFRANCHIR.

Joël Coché le 10 octobre 2012