NORMAL (ou l’auto-consentement meurtrier de soi-même)

Rêve d’une vie normale
Ou cauchemar d’une seule norme ?
Je me protège de l’adversaire
Des chevaliers du négatif
Je crains le vif et l’incisif
Hanté, hanté, hanté…..sans frapper
Entrez, entrez, entrez……c’est fermé
Dans ma posture d’intégration
J’oublie de vivre mon présent
Je suis le fantôme de moi-même
Au parler mécanique, penser est LE problème
Homme-étalon majoritaire
Dans la soumission ordinaire
J’ai peur de devenir, changer de direction
Insupportables insurrections
Je vis de flou sentimental
Récusant le flux de ma vie mentale
Quotidiens minuscules et bégayants
Ajustements négociés, crainte du détournement
Standardisé, homogène, assujetti
Discipliné toujours, sans un cri
Usine, armée, école
Forgent mes convictions, mes idoles
J’intègre les mots d’ordre
Je hais le trouble, le désordre
Je suis normal, normal, normal
Pression de l’injonction sociale
Je suis normal, normal, normal
On m’a dit que le silence d’or c’est vital
Alors je me tais, ne dis rien…c’est normal
Mais pourquoi soudain ai-je mal ?
Mal, très mal, de plus en plus mal
Suis-je une victime de la sous-France
Et de ses lésions étrangères ?
N’aurais-je tant vécu que pour finir en Enfer!

Je vous y donne rendez-vous,
C’est toujours là qu’on «s’attend» !

Hubert Mensch le 15 janvier 2013,
écrit in my bed entre 22h30 et 23h
à l’appui d’un article de Guillaume Le Blanc «les maladies de l’homme normal»
paru dans la revue «Passant n° 45-46 juin-septembre 2013»
faisant suite à un échange sur Twitter
avec @marsu_pi et @caravancafe