La République des Debouts

Manifeste des Debouts

Nous ne sommes rien et nous sommes tout.
Rien de plus que de simples citoyens, rien de plus important que de simples citoyens.
Tout car notre vocation, c’est l’universalité.

Nous n’ambitionnons ni richesse monétaire ni pouvoir de domination. Nous pensons la complexité qui au travers de la connaissance de soi permet de cheminer vers la simplicité choisie en s’éloignant du consumérisme dans une esthétique de la vie.

Notre vie est accumulation d’immédiateté, de désirs, de plaisirs, de choix, de rencontres, d’échanges, d’immatériel mais non d’objets, de produits, d’argent, de gratifications symboliques. Nous avons réfléchi à nos valeurs, faites-le !

Notre vie est belle mais hélas ce n’est pas le lot de tous. Il convient d’évoluer individuellement et collectivement, de penser autrement, d’abolir la prégnance de la finance et des corsetages induits, de réhabiliter la culture de la société civile et de se réapproprier le champ de la citoyenneté.
Nous pensons que la force de l’intercession véhiculée par des citoyens éclairés permettra de relier et renouer les gens avec la nécessité du politique, les joies de l’art et de la culture, les usages pertinents des nouvelles technologies, l’amélioration probante de la vie sociale, de nouvelles formes d’économie et de durabilité.

La Révolution est inutile et le Grand Soir une utopie vaine. Seules l’évolution accompagnée de la pensée augmentée, la réhabilitation du vivre ensemble et le sens aigu du bien commun permettront, à notre sens, un équilibre démocratique et une justice sociale.

Nous souhaitons que des myriades de citoyens, faisant fi des frontières, de quelque nature qu’elles soient, se mettent en mouvement, s’emparent de la démarche, se l’approprient, l’alimentent, la fassent croître et mutualisent leurs savoirs, leurs idées dans un joyeux désordre garant d’une créativité débridée.

La globalisation, sous-tendue par la syntaxe d’une pensée uniforme et la promotion d’un modèle de consommation conforme, ne doivent pas être laissées aux mains des cartels industrialo-financiers qui régissent le système-monde. La mondialisation est historiquement citoyenne, il est temps de s’en rappeler et remobiliser les forces vives, sidérées et anesthésiées par le cours mortifère que prend le monde, à travers l’échange d’idées et d’expériences, le transfert de savoirs et de compétences.

Le système actuel est plus que moribond. La valeur du marché y supplante la valeur de l’humain. Il n’a jamais autant créé d’inégalités, d’injustices et de vulnérabilités. Il est dans l’antichambre des soins palliatifs de sa décomposition, sous perfusion des États continuant à alimenter les requins de la finance et les princes du détournement au service du profit immédiat.

Tout ne doit pas disparaître dans des soldes fins de série qui remisent l’ensemble dans les placards de l’Histoire. Il ne s’agit pas d’abolir ni de planifier la société, elle doit être libre, ouverte, généreuse et dynamique. Le politique doit être revivifié, réinventé, il doit laisser une place beaucoup plus grande à la société civile, s’affranchir de tout sexisme stupide en reconnaissant l’équité, le partage, le collaboratif comme fers de lance de la nouvelle société que nous appelons de nos voeux.

Il est des riches, et alors, nous n’avons pas pour vocation d’éradiquer les vrais talents! En revanche, il ne devrait pas y avoir de personnes en marge de la société, hormis par choix personnel.

Nous sommes révulsés par l’évasion fiscale, la spéculation financière et les oligarchies d’entreprises qui ambitionnent de façonner l’image et l’identité d’un monde soumis à leur gouvernance de marché à partir de leurs sièges abusivement nommés sociaux. Les extrémismes, les intégrismes ne doivent pas être tolérés; il faut les combattre dans l’apaisement, fermement, sans atermoiements, grâce à l’élévation du niveau d’éducation des citoyens, dans la (re)connaissance de l’Autre, seule voie qui mène à l’aperception de l’altérité.

La lucidité, la probité, le respect devraient être des valeurs partagées.

Nous ne sommes pas des prosélytes, nous proposons notre réflexion, notre approche au débat.
Il ne suffit pas d’occuper l’espace ou de s’indigner, il faut un minimum de crédit et de structuration pour porter les combats, clamer les revendications, les faire vivre et prendre corps. Ceci en s’affranchissant des canaux traditionnels réducteurs, «responsables» et «respectables». L’entre deux, l’intercession entre l’individu autonome et la nécessaire régulation politique nous semble être le champ d’investigation pour faire éclore les possibles qui deviennent les ferments du monde d’après la folie ultra libérale et la financiarisation qui nous mènent dans le mur.

Oui nous sommes hédonistes aussi bien qu’épicuriens, stoïciens, ibn-ruchdien, spinozistes, dionysiaques, voltairiens ou foucaldiens…etc. Nous sommes inhomogènes et nous n’avons pas peur de ces différences: elles sont la richesse de la pensée et celle d’une société en mouvement. Nous embrassons la vie et elle nous le rend bien. Nous tutoyons régulièrement le bonheur, pourquoi sommes-nous si peu ? Nous voulons simplement proposer des alternatives crédibles et construites ensemble, partager, grandir dans le respect des cultures et des singularités.

Sortons de la soumission passive, du repli, de l’inertie, de l’aquoibonisme, cultivons les champs fertiles du possible, essaimons nos paradigmes et soyons Debouts.

En 1871, Rimbaud écrivait « Les Assis ». En 2012, construisons ensemble «La République des Debouts »!

Joël Coché Lanester/Lorient, Malik Berkati Berlin/Genève
Le 1er août 2012

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